Qu’est ce que le hoquet ?
Pour comprendre le mécanisme du hoquet, il convient de décrire le fonctionnement de la respiration :
Le système nerveux autonome envoie un influx nerveux au diaphragme pour que celui-ci se contracte. Les poumons se remplissent alors d’air. Les voies aériennes doivent être dégagées (bouche ouverte et épiglotte relevée) pour laisser passer l’air dans la trachée et les bronches.
Une fois que le sang présent dans les capillaires des poumons s’est chargé en oxygène et déchargé en dioxyde de carbone, le diaphragme se relâche et comprime les poumons vers le haut. Les poumons se vident : c’est l’expiration.
Le hoquet est caractérisé par un dysfonctionnement répété de ce mécanisme :
Une contraction inspiratoire spasmodique involontaire du diaphragme suivie d’une fermeture soudaine de la glotte. Un ordre contradictoire du système nerveux au diaphragme serait à l’origine de ce phénomène : inspiration maximale et annulation quelques millisecondes plus tard de cet ordre ce qui provoque une fermeture de la glotte. L’air est alors piégé dans la trachée au niveau des cordes vocales provoquant un bruit caractéristique. Les muscles intercostaux se contractent eux aussi brutalement ce qui peut créer des sensations désagréables dans tout le thorax.
Qu’est ce qui provoque le hoquet ?
Ce phénomène intervenant de manière assez aléatoire ferait suite à une stimulation du nerf phrénique contrôlant le diaphragme et possiblement du nerf vague par le système nerveux. Ce dernier donnerait des messages contradictoires aux différentes structures anatomiques mises en jeu lors de la respiration.
Ce phénomène peut être lié à une dilatation de l’estomac ; plus particulièrement au niveau de la base de l’œsophage, quand ce dernier s’engage dans le diaphragme. Cette dilatation créerait une information neuro musculaire reflexe de protection créant ces spasmes incontrôlables.
La grossesse est un facteur favorisant. Le diaphragme est comprimé par le bas ce qui peut irriter le nerf phrénique. L’ingestion d’aliments pas assez mâchés ou irritants : pain, liquides chauds, alcool ou encore l’aérophagie peuvent également déclencher le hoquet.
Toutefois, les causes du hoquet ne sont pas encore parfaitement comprises et déterminées scientifiquement. Son traitement et les conseils donnés pour le faire passer demeurent donc empiriques.
Quels sont les différents types de hoquet ?
Il en existe deux :
- Le hoquet bénin (celui que nous avons tous déjà connu) qui dure quelques secondes à 48 heures et cesse spontanément. Son origine est souvent œsophagienne ou intestinale. Il est considéré comme un trouble fonctionnel et inoffensif. Il peut toutefois justifier une consultation chez l’ostéopathe s’il est fréquent. L’enjeu étant d’en déterminer la cause, d’œuvrer pour limiter sa réapparition et de s’approprier des moyens de le stopper. Ce type de hoquet est très fréquent chez les nourrissons et quasi-systématiquement sans gravité et résorbé spontanément. L’ostéopathe peut aider à ce rétablissement.
- Le hoquet chronique est beaucoup plus rare. Il est dit persistant au delà de 48 heures et réfractaire quand sa durée dépasse 1 mois. Il est alors considéré comme une pathologie. Il serait dû à un trouble du système nerveux central provoquant des messages inspiratoires aberrants et chroniques ou encore à une œsophagite. Il affecte donc le nerf phrénique, le nerf vague ou le tronc cérébral. Un hoquet chronique est en tout cas souvent dû à une pathologie elle aussi chronique qu’il conviendra d’identifier. Il est nécessaire de consulter. Les personnes de plus de 50 ans sont les plus touchés par le hoquet chronique. Dans les cas les plus graves, un examen médical complet ainsi qu’une endoscopie peuvent être réalisés pour écarter d’éventuelles maladies.
Il convient donc de se poser quelques questions pour apporter une solution : Combien de temps dure le hoquet ? Quels sont les facteurs qui favorisent son apparition ? Des douleurs ou autres signes sont-ils associés à l’apparition du hoquet (douleurs dans le ventre, la poitrine, nausées et vomissements, fièvre, difficultés à déglutir ou à respirer).
Quelques conseils pour faire passer le hoquet vous-même
La plupart de ces techniques reposent sur la stimulation de l’épiglotte, l’étirement de l’œsophage et de la loge viscérale du cou, la régularisation du rythme de la respiration ou sa modification, la diversion de l’attention ou encore l’accroissement du taux de dioxyde de carbone dans les poumons.
- La manœuvre de Valsalva : elle consiste à expirer de l’air par le nez tout en se bouchant les narines. Elle permet notamment d’équilibrer la pression de l’oreille interne par rapport à celle du milieu extérieur (utile en plongée). Cette méthode permet de stimuler le nerf phrénique et de ralentir la fréquence cardiaque (donc moins de battements du cœur sur le diaphragme, moins de stimulation du nerf phrénique).
- Comprimer ses globes oculaires du bout des doigts a également pour effet de diminuer la fréquence cardiaque, donc la stimulation du nerf phrénique, donc le hoquet.
- Retenir sa respiration en ayant inspiré à fond pendant quelques secondes voire dizaines de secondes. Cela va stimuler le nerf phrénique et normaliser le contrôle de la respiration par le cerveau. De plus, retenir sa respiration crée une hypercapnie (augmentation de dioxyde de carbone dans le sang artériel) qui inhibe le hoquet.
- Boire un verre d’eau rapidement en stoppant sa respiration (sans inspirer par le nez) permet d’obtenir les effets de la dernière technique en stimulant en plus la glotte et l’œsophage ce qui désengage les processus contradictoires du hoquet.
- Faire peur provoque une grande inspiration et une montée d’adrénaline ce qui peut normaliser d’un coup les messages nerveux contradictoires.
- S’allonger sur le dos et ramener les genoux vers la poitrine crée une compression des organes digestifs bas sur le diaphragme. Prenez alors une grande inspiration : le diaphragme est alors comprimé également par le haut. Vous pouvez également retenir votre respiration pour augmenter l’effet de cette méthode.
- Relever le menton et prendre des grandes inspirations va étirer l’œsophage et plus généralement la loge viscérale du cou. Vous pouvez également lever les bras en l’air pour étirer les intercostaux.
Quelques huiles essentielles sont conseillées : estragon, basilic tropical antispasmodiques et menthe poivrée créant un stimuli ayant tendance à faire éternuer.
Elles peuvent être ingérées sur un sucre ou massées le long de l’œsophage. 2 gouttes peuvent suffire !
Comment limiter l’apparition du hoquet grâce à l’ostéopathie ?
Le hoquet est fréquent et connu de tous, malades ou en bonne santé. Il peut être fonctionnel ou pathologique et affecter grandement la qualité de vie. Ses causes et son traitement demeurent assez mystérieux et reposent sur une grande compréhension des spécificités du patient. Ainsi l’ostéopathie, dans son principe de globalité, s’intègre particulièrement dans l’approche des mécanismes mis en jeux lors du hoquet et dans son traitement.
Avant toute chose, l’ostéopathe veillera à comprendre l’origine du hoquet, à en cibler la cause spécifique :
- Est-elle fonctionnelle ? Le dysfonctionnement d’un organe, d’une articulation ou d’une chaîne musculaire ainsi qu’une mauvaise condition hygiéno-diététique seraient à régler chez le sujet par l’ostéopathe sans nécessiter une prise en charge médicale.
- Est-elle pathologique ? La structure même d’un organe peut être atteinte par une pathologie qui relèverait d’une consultation médicale. Votre ostéopathe sera à même de le déterminer.
L’ostéopathe testera les organes mobilisés directement et indirectement par la respiration : votre diaphragme bien sûr mais aussi les inspirateurs accessoires (les muscles scalènes, petits pectoraux, intercostaux), les poumons, la loge viscérale du cou, les côtes. L’œsophage et l’estomac ne seront pas oubliés car ils sont innervés par le nerf vague et possèdent un lien étroit avec le diaphragme. Un blocage musculaire ou articulaire au niveau de la quatrième cervicale peut perturber le nerf phrénique. En effet ce dernier possède des afférences et des efférences passant par cet étage vertébral.
Ensuite, il déterminera comment les dysfonctions de votre corps peuvent influencer votre respiration et provoquer le hoquet. L’ostéopathe créera ainsi un axe de traitement et normalisera les blocages et zones de rétention de votre corps pour permettre une ré-harmonisation durable de votre respiration.
Les techniques resteront indolores et spécifiques.
Les recommandations de votre ostéopathe
Malgré la difficulté à prévoir une crise de hoquet, on peut tout de même tenter d’en limiter l’apparition en observant quelques conseils :
- Manger plus lentement ce qui sollicitera moins l’œsophage et l’estomac.
- Moins boire de boissons gazeuses stimulant le système digestif par excès d’air.
- Eviter le tabac, l’alcool irritant le système digestif.
- Fuir les situations stressantes provoquant une respiration irrégulière et des problèmes digestifs.
Dans le cas d’un nourrisson, quelques conseils aux parents s’appliquent :
- Calmer bébé en caressant son dos, le bercer ou marcher avec lui.
- Le faire changer de position, d’inclinaison.
- Le faire manger plus lentement et en plus petites quantités par ingestion.
- Privilégier une tétine anti-aérophagique.
- Consulter votre ostéopathe pour régler un éventuel problème de succion pendant l’allaitement.
Présentation de l’auteur
Fort d’une formation de 5 ans suivie à l’Institut Dauphine d’Ostéopathie. Téo Durantel exerce à domicile, en cabinet, en entreprise ainsi qu’en club sportif. Ses connaissances anatomiques et pratiques lui permettent de mener un soin personnalisé. Il cherche systématiquement à comprendre votre fonctionnement ; à savoir comment et pourquoi votre mode de vie, vos habitudes alimentaires et vos activités mettent votre corps dans un état dysfonctionnel.
Ses expériences et stages auprès de sportifs, musiciens et danseurs lui ont permis d’adapter ses techniques et ses conseils en vue d’un traitement durable.
SOURCES :
- http://www.osteo-kine-perinatale.fr/generalites/mon-bebe-a-le-hoquet/
- Hoquet, 2018, site de l’Assurance Maladie (Ameli.fr)
- Hoquet, Manuel MSD, mai 2018
- https://www.allodocteurs.fr/maladies/poumons/hoquet-parfois-chronique-et-aux-causes-inexpliquees_3199.html
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3114690/
- Interviews du Dr Anne-Laure Tarrerias et du Dr Olivier Spatzierer, médecins gastro-entérologues