Présentation

Pour que l’homme s’érige en bipède, sa colonne vertébrale s’est au fil des millénaires décomposée en trois courbures ergonomiques pour absorber au mieux les contraintes de son environnement.

  • La lordose lombaire (5 vertèbres) à concavité postérieure
  • La cyphose thoracique (12 vertèbres) à convexité postérieure
  • La lordose cervicale (7 vertèbres) à concavité postérieure

La cyphose thoracique prolonge la colonne lombaire. Cette portion de la colonne vertébrale est reliée aux côtes. Elle est donc en lien étroit avec les autres acteurs de la biomécanique ventilatoire (côtes, diaphragme, muscles inspirateurs accessoires, poumons).

L’accentuation de la cyphose thoracique se définit comme une exagération de la convexité de la zone dorsale. Elle peut altérer la biomécanique rachidienne et l’équilibre générale de la colonne. Ces altérations pourront contrarier le fonctionnement des chaines musculaires, des dysfonctions articulaires vertébrales ainsi que des troubles viscéraux et respiratoires qui pourront être la cause de sérieuses douleurs et de graves complications.

Il existe deux types de cyphoses excessives: Flexible (l’érection du rachis est possible) ou Fixe (l’érection du rachis est impossible).

Diagnostique : Quelle population est touchée ? Quelles en sont les causes ?

Elle est plus fréquente chez les hommes. Son pré-diagnostique est établi par un bilan orthopédique par prélèvement de mesures de la courbure thoracique et tests actifs en hyper extension, percussion des épineuses etc …). Il doit être fait le plus tôt possible.

On notera l’enroulement des épaules, la présence d’une gibbosité, la cohérence de l’ensemble des courbures du tronc. Le diagnostique final est radiographique et permet, si il est suffisamment précoce, de rectifier la cyphose (chez le sujet jeune) ou d’en limiter l’accentuation. Un scanner ou une IRM sont parfois nécessaires pour en trouver la cause.

Cet examen a deux objectifs: évaluer l’importance de la cyphose (topographie, régularité, angulation) et rechercher l’origine anatomique de la douleur (corps vertébral, disque intervertébral, ligaments, muscles …).

Les causes primaires ou constitutionnelles correspondant au morphotype familial ou ethnique:

  • Malformation congénitale
  • Cyphose constitutionnelle familiale (Flexible, elle se réduit en hyper-extension thoracique)

Les causes secondaires c’est à dire déclenchées par un ou plusieurs facteurs annexes qui influencent la biomécanique articulaire des vertèbres thoraciques et/ou la qualité osseuse:

Chez l’enfant et l’adolescent (anomalie de croissance) :

  • Mauvaise posture (mauvaise assise: un pied sous la fesse ou les coudes tout le temps au repos sur la table) pouvant entraîner une musculature dorsale insuffisante.
  • Importance du cartable chez l’enfant ! Celui-ci ne doit pas excéder 1/3 du poids du corps, idéalement comporter une sangle de serrage abdominale, ne pas favoriser la projection du tronc vers l’avant.
  • Musculature sur-développée suite à des exercices de musculation effectués mal et/ou trop jeune.
  • Maladie de Scheuermann: ostéochondrose vertébrale de croissance, surtout chez le garçon entraînant une cyphose fixe. Elle se manifeste par des douleurs et raideurs thoraciques suite à la station assise prolongée ou à un exercice physique. La difformité physique du dos du patient est en générale marquée et affecte au moins 3 vertèbres consécutives (diagnostique radiologique). La maladie n’évolue pas après la croissance mais les atteintes vertébrales sont irréversibles.
  • Epiphysite vertébrale de croissance.

Chez le jeune adulte (inflammation de la colonne vertébrale) :

  • Spondylarthrite ankylosante (maladie inflammatoire chronique dont la localisation des symptômes remonte chronologiquement du bassin aux cervicales. Elle occasionne des douleurs articulaires inflammatoires, une raideur dorsale, des troubles intestinaux et parfois de la fièvre lors des poussées).
  • Séquelles de spondylodiscite.

Chez le sujet âgé (altération du tissu osseux) :

  • Ostéoporose vertébrale (fragilisation des vertèbres, tassement vertébraux et dégénérescence des disques intervertébraux).
  • Poliomyélite (maladie neuromusculaire).

Symptômes : Comment la détecter ?

  • Douleurs musculaires et raideurs diffuses, et chroniques le long du rachis pouvant être mécaniques (réveillées à un ou plusieurs mouvement) ou inflammatoires (présentes à tous les mouvements, réveillant la nuit et mettant plus de 30 minutes à disparaître au réveil).
  • Douleurs cervicales et de la charnière dorso-lombaire.
  • Diminution des capacités respiratoires.
  • Déformations vers l’arrondissement de cette cyphose.
  • Hyperlordose lombaire et cervicale par compensation.
  • Augmentation de la douleur suite à une activité physique ou à la station assise prolongée.

Complications : Quels sont les risques liés à l’hyper cyphose ?

  • Enraidissement généralisé de la cage thoracique.
  • Déformation de la partie antérieure du corps vertébral due à son éloignement de la ligne de gravité.
  • Marche laborieuse.
  • Ostéoporose et arthrose vertébrale précoce.
  • Scoliose thoracique acquise due à l’altération prolongée de la biomécanique thoracique.
  • Dans le cas d’une cyphoscoliose : Altération sévère des fonctions respiratoires et digestives dues à une réduction d’amplitude de la cage thoracique (sur sollicitation des muscles mis en jeux lors de la respiration).
  • Dans le cas d’une cyphoscoliose grave : Atteinte des fonctions vitales : Apparition de pathologies pulmonaires (hypertension artérielle pulmonaire, bronchites) et cardiaques (insuffisance ventriculaire droite) due à la réduction du mouvement thoracique.

Traitement : Comment en limiter les symptômes et ralentir sa progression ?

  • Pour une légère accentuation de la cyphose, un changement d’attitude posturale suffi à limiter les symptômes et à ralentir sa progression. La prise de conscience des vices posturaux est fondamentale pour limiter la progression de la pathologie.
  • Pour une hyper cyphose, des séances d’ostéopathie, de kinésithérapie peuvent permettre de soulager les douleurs :
  • La pratique régulière d’exercices de renforcement musculaires de la musculature dorsale.
  • L’entretien de la biomécanique respiratoire en insistant sur la phase inspiratoire peut permettre de soulager les douleurs.
  • La ré-harmonisation musculaire avec renforcement des extenseurs en métabolisme aérobie.
  • Des médicaments visant à renforcer le tissu osseux peuvent être intéressants (Calcium, Vitamine D).
  • Dans les cas les plus graves, des anti-inflammatoires, un traitement antalgique et des décontractants musculaires sont envisagés. En l’absence de résultat satisfaisant une opération chirurgicale de redressement de la colonne vertébrale (cas d’une courbure supérieure à 70°) sera programmée.
  • Pour les sujets jeunes, un corset (ou orthèse du tronc) pendant un minimum de 4 semaines associé à programme de musculation du dos peut ralentir l’accentuation de l’hyper cyphose. Cette solution permet un assouplissement des structures musculo-ligamentaires pour un maximum de correction. Elle n’est envisagée que lorsque l’hyper cyphose évolue.

Des exercices et conseils peuvent être très efficaces

  • Conseiller à l’enfant de marcher avec son cartable les mains derrières le dos ou en tenant les bretelles.
  • La correction du plan de travail est fondamentale durant la croissance. Incliner le pupitre de 15° vers soit peut réduire la cyphose cervicothoracique et limiter la projection de la tête vers l’avant. Pour la cyphose thoraco-lombaire, on conseillera une assise en bout de siège, un siège incliné vers l’arrière (ou l’utilisation d’un coussin triangulaire) et une position des pieds en arrière de l’assise.
  • Pour les sujets âgés, l’atteinte ostéo-articulaire et les déformations thoraciques sont souvent trop importantes pour envisager un traitement correcteur.
  • On gardera à l’esprit que l’évolution infantile de l’hypercyphose est souvent asymptomatique rendant son diagnostique souvent tardif ! En effet de nombreux adolescent présentant une hypercyphose visible depuis des années se plaignent d’importantes douleurs dues à la fragilité de leur rachis lors de la croissance pubertaire. Il convient donc de prendre en charge l’enfant le plus tôt possible.

Prévention : Comment éviter son apparition ou limiter sa progression ?

  • Corriger une mauvaise attitude posturale
  • Eviter la station assise prolongée
  • Entretenir sa musculature dorsale
  • Eviter le port de charges lourdes
  • Pratiquer des étirements réguliers

Lien  ostéopathique : comment l’ostéopathie peut diminuer les symptômes d’une hyperlordose lombaire ?

L’ostéopathe peut, par une étude approfondie du tonus postural en statique et en dynamique, déterminer un axe de traitement et des conseils adaptés à la situation du patient. En tant que discipline de 1ère intention, son rôle dans le dépistage est majeur. Si le diagnostique est suffisamment précoce, l’étude des chaines musculaires, des dysfonctions articulaires, viscérales et faciales sont autant d’éléments à prendre en compte pour comprendre au mieux son patient et mener à bien une thérapie durable et personnalisée pouvant limiter considérablement les douleurs et la progression de l’hyper cyphose thoracique.

SOURCES :

  • Centre Européen de la Colonne Vertébrale – http://www.demauroy.net/ ;
  • Revue du Rhumatisme 71 (2004) 137-144 – Comment examiner un trouble de la statique rachidienne ?
  • Roussouly P,Pinheiro-Franco JL. Sagittal parameters of the spine : Biomechanical approach. Eur Spine J 2011
  • Harrison – Principes de médecine interne
  • https://www.caducee.net/DossierSpecialises/rhumatologie/cyphose-lordose.asp
  • https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=cyphose
  • http://www.demauroy.net/faq_cyphose.htm
  • https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/probl%C3%A8mes-de-sant%C3%A9-infantiles/maladies-osseuses-chez-l%E2%80%99enfant/cyphose https://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie-medicale/cyphose-causes-traitements-prevention